Cicatrices ...

… les beaux jours sont revenus et certaines parties du corps se dénudent peu à peu. Ainsi apparaissent des décolletés, des dos, des avants-bras, des coudes, des mollets, des genoux et des chevilles …

Ah !  Que c’est bon de sentir le contact du soleil et de l’air sur la peau ! Un peu comme une caresse …

Je suis toute à ces nouvelles sensations quand la réalité me rattrape. Le regard et les remarques des autres me rappellent que ma chair porte en elle les traces d’une différence.

Oui, j’ai des cicatrices énormes et oui, on ne voit quelles. Et alors, elles vous gênent ces marques ? Parce qu’à moi, très sincèrement, pas du tout. C’est vous qui me rappelez qu’elles sont là, votre regard, votre expression de curiosité, d’horreur et de souffrance, votre notion de l’esthétique. Moi, je me suis habituée à elles. Elles sont là, elles font partie de ma vie, de mon corps, elles sont moi. Elles sont comme les pages du livre de ma vie, elles racontent une histoire, mon histoire. Comme les rides. Une ride, c’est le signe que le temps a passé, certes, mais au-delà de ça, c’est une source d’histoires intarissable. Elle est là parce qu’on les a vécues, toutes ces histoires. Arrivez-vous à vous projeter, racontant votre expérience à vos petits-enfants, le visage lisse comme celui d’une poupée et affichant des lèvres repulpées, indécentes ? Quels repères pour eux ? Quelle image pour vous ? Celle de l’éternelle jeunesse ? Alors, c’est après cela que vous courez ? Etes-vous tous atteints du syndrome du jeunisme ? Allo Madame Badinter, peut-on être et avoir été ?

Mais ça, c’est pas mon souci, j’ai des cicatrices et je les aime. Elles racontent une histoire MARQUANTE  de ma vie. Regardez bien celles sur ma peau car jamais vous ne verrez celles que porte mon coeur …

By Pimson.